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Site sur la Science-fiction et le Fantastique

 Affiche Festival Lumiere 2023

Affiche Festival Lumiere 2023

 

Affiche Festival Lumiere 2023

 

À propos de l'affiche

 

L'affiche officielle du festival Lumière 2023 est un hommage à la personnalité qui recevra le 15e Prix Lumière : Wim Wenders.

 

 

 

Elle a été composée à partir d'une scène de Paris, Texas, pour lequel le cinéaste fut récompensé de la Palme d'or au Festival de Cannes, et met à l'honneur Nastassja Kinski, qui trouve dans ce film l'un de ses plus beaux rôles. Ce plan est devenu une image mythique de l'histoire du cinéma.

 

About the poster

The official poster for the Lumière film festival 2023 is a tribute to the personality who will receive the 15th Lumière Award: Wim Wenders.

 

 

 

Based on a scene from the movie Paris, Texas, for which Wenders won the Palme d'Or at the Cannes Film Festival, it features Nastassja Kinski in one of her finest and most memorable roles. This image has become iconic in the history of cinema.

 

 

Wim Wenders

 

Prix Lumière 2023

 

 

Lumiere Award 2023

 

Après Tim Burton, lauréat l’année dernière, c’est à nouveau un géant du cinéma qui recevra cette année le 15e Prix Lumière.

 

Il s’agit de qui a incarné le renouveau du cinéma allemand et européen au tournant des années 1970-1980. Cinéaste de l'errance, il a réinventé le road movie. Il est l'homme de Paris, Texas et des Ailes du désir, celui qui mène une pleine carrière d’artiste et vient d’effectuer, en 2023, un étourdissant doublé avec ses deux nouveaux films : ANSELM et PERFECT DAYS.

 

Il s’agit de… WIM WENDERS !

 

Wim Wenders fut l’un des premiers cinéastes invités par l’Institut Lumière en 1991, pour une rétrospective et une exposition photographique. Il n’est jamais revenu rue du Premier-Film. Célébrer à Lyon, dans la ville de naissance du Cinématographe Lumière, ce cinéaste voyageur, virtuose polymorphe et visionnaire, photographe accompli, qui n’a cessé de se réinventer et a eu mille vies, était une évidence depuis longtemps.

 

 

L'hommage à Wim Wenders au festival Lumière

 

Rétrospective

 

Rétrospective des films de Wim Wenders, fictions et documentaires, en copies restaurées, en présence du cinéaste.

 

En collaboration avec Les Films du Losange, Haut et Court, Paradis Films, Pathé, Tamasa et la fondation Wim Wenders.

 

Avant-première de Perfect Days (Prix d'interprétation masculine pour Koji Yakusho au Festival de Cannes, sortie en salle le 29 novembre 2023. Distribution France : Haut et Court) présentée par Wim Wenders.

 

Projections du documentaire Anselm, le bruit du temps (sortie en salle le 18 octobre 2023. Distribution France : Les films du Losange), présentées par Wim Wenders.

 

 

Et aussi

 

Édition par Carlotta : Les Ailes du désir en coffret Ultra-collector et L'Ami américain en Blu-ray le 17 octobre 2023. Coffret La Trilogie de la route le 21 novembre 2023. Chambre 666 et Chambre 999 de Lubna Playoust en blu-ray et DVD le 5 décembre 2023.

 

Rééditions de livres épuisés et nouvelles parutions en collaboration avec L'Arche. Et de nombreux autres événements de programmation.

 

Programmation complète et détaillée annoncée prochainement.

 

 

 

Expositions

 

Un programme de deux expositions photographiques pour explorer l'immense travail de photographe de Wim Wenders dans les galeries de l'Institut Lumière.

 

En collaboration avec Wim Wenders Stiftung et Wenders Images.

 

Programme d'expositions annoncé prochainement.

 

 

 

Célébrations

 

 

Wim Wenders recevra le 15e Prix Lumière vendredi 20 octobre 2023 à l'Amphithéâtre de la Cité Internationale.

 

 

Le vendredi 20 octobre 2023 en après-midi, il donnera une master class au Théâtre des Célestins animée par Thierry Frémaux.

 

 

 

La billetterie sera disponible courant septembre 2023.

 

 

Wim Wenders succédera à Tim Burton, Jane Campion, Jean-Pierre et Luc Dardenne, Francis Ford Coppola, Jane Fonda, Wong Kar-wai, Catherine Deneuve, Martin Scorsese, Pedro Almodóvar, Quentin Tarantino, Ken Loach, Gérard Depardieu, Milos Forman et Clint Eastwood.

 

Il sera à Lyon du mercredi 18 au dimanche 22 octobre. Il recevra le Prix Lumière à Lyon, le vendredi 20 octobre 2023

 

 

Le Prix Lumière a été créé par Thierry Frémaux pour célébrer une personnalité pour l’ensemble de son œuvre et le lien qu’elle entretient avec l’histoire du cinéma. Il est remis à Lyon, ville de naissance du Cinématographe Lumière, et est devenu avec les années l’un des prix les plus prestigieux reconnus par la profession et la presse internationale.

Prix Lumiere 2023

Wim WENDERS

Wim WENDERS

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THOMAS KING

THOMAS KING

Entretien THOMAS KING

 

La série des DreadfulWater se distingue dans votre œuvre puisque vous abordez le roman policier pour la première fois. Comment est né ce projet et pourquoi ce changement de genre ?

 

Si j’ai commencé la série des Dread- fulWater, c’est d’abord parce que je suis moi-même amateur de romans policiers. Au cours de ma carrière d’écrivain, je ne m’en suis pas tenu à un seul genre. J’ai produit des romans littéraires, des nouvelles, de la poésie, des essais, des scénarios et des romans policiers. Dans tous les cas, il s’agit de raconter une histoire.

 

Votre roman est moins politique, moins centré sur les conditions de vie des autochtones et l’histoire peu glorieuse des relations avec les Blancs. Pourquoi ce choix d’un propos plus léger ?

 

À mes yeux, tous mes romans sont politiques. C’est simplement l’approche qui diffère. Certains de mes livres sont explicitement politiques, d’autres moins. L’importance et la force du propos politique dépendent de la nature du projet et de l’objectif que je poursuis.

 

Vous accordez une place à l’humour, au ton parfois grinçant dans les échanges, à une tendre ironie  et à la vivacité d’esprit chez vos personnages. Est-ce une tendance naturelle, chez vous, d’instaurer ce genre de rapport entre vos protagonistes ?

 

J’aime les personnages dotés d’une forte personnalité et en particulier les personnages coriaces et opiniâtres. La satire et l’humour sont à la base de mon travail. Par-dessus tout, je prends plaisir à créer des personnages avec lesquels j’ai envie d’inter- agir.

 

Beaucoup de vos personnages ont des tempéraments affirmés et leurs reparties avec Thumps sont mordantes à souhait. Ça vous amuse de mettre Thumps sur la corde raide ?

Tous les personnages devraient être sur la corde raide.

 

Étant autochtone, Thumps est en meilleure position que les policiers blancs pour avoir la confiance des membres de la réserve et faire progresser son enquête. Diriez-vous qu’il peut servir de contrepoids à la justice des Blancs ?

 

Je ne conçois pas Thumps comme un contrepoids à l’injustice des Blancs. Il sait qu’elle existe et, quand elle se manifeste, il est prêt à intervenir. Mais il vit dans une collectivité composée d’Autochtones et de non-Autochtones. Il s’agit pour eux de travailler ensemble.

 

Meurtres avec vue ne joue pas la corde sensible des antagonismes autochtones/blancs. On sent peu d’acrimonie entre les communautés et les relations sont plutôt cordiales. Est-ce le souhait d’écrire une fiction où il y aurait de meilleurs rapports entre les nations ?

 

Il est relativement facile de poser un regard sur l’acrimonie entre Autochtones et Blancs. Il m’apparaît plus intéressant d’examiner les points de convergence entre eux. Les conflits perpétuels ne sont dans l’intérêt de personne.

 

Thumps, votre personnage principal, est un ex-policier devenu photographe. La photographie est-elle une pratique artistique que vous affectionnez particulièrement ?

 

J’ai été photographe longtemps avant de devenir écrivain. Je maîtrise encore la photographie, mais on ne peut pratiquer sérieusement qu’une seule forme d’art à la fois. Faire de Thumps un photographe me permet de garder un pied dans les deux.

 

La nature et l’attrait des paysages contribuent à créer des ambiances intéressantes dans votre roman. Quelle place accordez-vous à l’environnement dans la construction de votre œuvre romanesque ?

Les préoccupations environnementales sont au cœur de mon écrit- ure. Quelle que soit notre ethnicité, nous ne disposons que d’une seule planète. Devant l’état actuel de la destruction — des océans, des forêts humides —, je ne suis pas sûr que nous réussissions à nous survivre à nous-mêmes.

 

Thumps DreadfulWater est tiraillé par un drame personnel qu’il tente d’oublier mais qui demeure en arrière-plan. Les démons de son passé ne sont pas très loin. S’agit- il d’une histoire qui rattrapera Trumps dans la série ?

 

Thumps est tiraillé par plusieurs démons. Certains sont exorcisés. D’au- tres continuent de le hanter tout au long de la série. Évidemment, nous avons tous besoin d’un démon ou deux dans notre vie, ne serait-ce que pour nous rappeler que nous sommes vivants.

 

Remerciement à équipe d’ALIRE.

 

Biographie/ Bibliographie de l’auteur :

Thomas King, né le 24 avril 1943 à Roseville (Californie), est un romancier, essayiste et un animateur de télévision canadien connu pour ses écrits sur les premières nations dont il se veut l'ardent défenseur. Il est de descendance cherokee, grecque et allemande.

 

Biographie

Né aux États-Unis, il travaille d'abord comme photojournaliste en Australie avant de s'établir au Canada en 1980. Actuellement professeur d'anglais à l'Université de Guelph, il habite à Guelph en Ontario. Il est le créateur d'une émission de radio appelée The Dead Dog Cafe Comedy Hour, une série sur CBC Radio One.

 

King est choisi pour animer les conférences Massey de 2003, et il livre une présentation intitulée The Truth About Stories: A Native Narrative. Premier conférencier autochtone, il examine l'expérience autochtone dans la littérature orale et écrite, l'histoire, la religion et la politique, la culture populaire et la protestation sociale dans le but de donner un sens à la relation qu'entretient la société nord-américaine avec ses peuples autochtones.

 

Également romancier, il remporte le prix du Gouverneur général 2014 pour son roman The Back of the Turtle, traduit en français sous le titre La Femme tombée du ciel.

 

Œuvres

1987 : The Native in Literature

1988 : An Anthology of Short Fiction by Native Writers in Canada

1989 : Medicine River

1990 : All My Relations

1992  : A Coyote Columbus Story

1993 : Green Grass, Running Water

- publié en français sous le titre L'herbe verte, l'eau vive, Albin Michel (2005)

1993 : One Good Story, That One

1998 : Coyotes Sing to the Moon

1999 : Truth and Bright Water

2002 : Dreadful Water Shows Up

- publié en français sous le titre Un indien qui dérange, Liana Levi (2021)

2003 : The Truth About Stories

2005 : A Short History of Indians in Canada: Stories

2006 : The Red Power Murders: A DreadfulWater Mystery

- publié en français sous le titre Les Meurtres du Red Power, Les Éditions Alire (2021), réédition sous le titre Red Power, Liana Lévi (2022)

2012 : The Inconvenient Indian: a curious account of Native People in North America

- publié en français sous le titre L’Indien malcommode : un portrait inattendu des Autochtones d’Amérique du Nord, Les Éditions du Boréal (2014)

2014 : The Back of the Turtle

- publié en français sous le titre La femme tombée du ciel, Philippe Rey (2017)

2018 : Cold Skies

2019 : A Matter of Malice

2020 : Obsidian

2020 : Insurrection

2020 : Indians on Vacation

Honneurs

Nomination au Prix du Gouverneur général en 1992 et 1993

Membre de l'Ordre du Canada, 2004

Lauréat du Prix littéraires du Gouverneur général 2014 pour son roman The Back of the Turtle (La femme tombée du ciel [archive], Mémoire d'encrier, 2016)

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Michel Lemoine

Michel Lemoine

Michel Lemoine

par Philippe VASSEUR

 

Michel Lemoine est né en 1922 et, s'il n'a eu ni le talent, ni la prolification de Jean Rollin, il reste malgré tout une figure incontournable du cinéma bis, tant sa vie et son parcours artistique ressemblent à une aventure démentielle.

 

Formé au théâtre classique dès ses 19 ans, il apparaît dans de nombreux rôles aux côtés d'Edwige Feuillère et de Sacha Guitry. Avec sa grande taille, sa tête de play-boy, il semble destiné à une belle carrière d'acteur mais Michel souhaite emprunter les chemins détournés : attiré davantage par le cinéma que par le théâtre, il s'exile en Italie et on le retrouve dès 1962 dans des "chefs-d'œuvre" du cinéma bis italien très prolixe en la matière : il y a entre autres ce Monstre aux yeux verts dans lequel il tient le personnage principal d'un robot extraterrestre ; prestation tout à fait admirable ! En Italie, son physique à la fois séduisant et inquiétant le fait accéder à de multiples rôles : il joue dans des westerns spaghettis, des films d'espionnage et à nouveau des films d'horreur.

 

Michel est une "star" du cinéma bis italien à tel point qu'il reste presque 10 ans au pays de Dante. Il fait un retour en France au tout début des années 70, non sans avoir fait un détour par l'Espagne pour tourner aux côtés du Maître Jess Franco dans l'excellent Nécromicron (1968).

 

En 1970, qu'est-ce qui fonctionne le mieux dans le cinéma français "non élitiste". Eh bien, le sexe, ma petite dame ! Emboîtant le pas au camarade Max Pécas qui brille déjà dans cette catégorie depuis 1960 environ (il joue d'ailleurs dans un de ses films Je suis une nymphomane (1970)), Michel se dit alors : "Pourquoi pas moi ?" Dès lors, Lemoine devient acteur et réalisateur de ses propres films, tous érotiques soft : libertin et "mangeur de la vie" comme il se définit, les scénarios de quelques-uns sont très largement inspirés de sa vie débridée et consentie avec sa femme, Jeanine Raynaud, ancienne mannequin.

 

Entre 1972 et 1973, il réalise quatre films descendus par la critique malgré des qualités évidentes pour le genre (Les Chiennes restent le plus abouti des quatre). Mais Lemoine, entre deux collaborations avec le sulfureux José Bénazéraf, ne veut pas se satisfaire de films érotiques "purs jus". Il veut construire son œuvre, à l'appui d'un genre qui en France n'a jamais tiré aussi fort sur la poignée de frein horrifico-érotico-débile.

 

Ce film s'intitulera Les week-ends maléfiques du Comte Zaroff.

 

Il sort en 1976 et finalement... ne sort pas... censuré d'emblée par les gendarmes de la diffusion cinématographique. La bonne maison attribue aux week-ends... une incitation au meurtre sans y mettre une seule notion de poésie.

 

La sanction est ubuesque tandis que le cinéma français tenait là une parodie délirante du film d'horreur, avec ses chasses aux femmes dans le parc d'un château et ses hallucinations impossibles. Michel Lemoine, en puisant dans le très mauvais goût et le très sordide, nous démontrait qu'on pouvait en faire une farce totalement géniale.

 

Tant pis ! Le film, grâce au VHS, allait connaître une 2ème vie à l'étranger sous le titre "Seven women for Satan".

 

En attendant, Michel ne se remit pas de cet échec.

 

Entre-temps, l'érotique soft s'était fait largement damer le pion par le cinéma X. Pour rebondir et "gagner sa vie", il n'eut pas d'autre choix que de se lancer dans ce genre sous divers pseudonymes et sans y apporter une réelle originalité.

Il enchaîne donc les films X pendant presque 10 ans, en précisant qu'il laissait à son chef-opérateur le soin d'organiser et de filmer les scènes explicites.

 

Pendant ce temps, "il allait se promener ou allait à la plage". Au début des années 90, il fait encore quelques apparitions dans des productions marginales. Puis il prend une retraite heureuse et sans rancœur dans une maison dans le Cher. Il est décédé en 2013 dans le plus parfait anonymat.

 

En 2020, les week-ends maléfiques du Comte Zaroff a été réédité en blu-ray. Belle revanche posthume pour une de nos figures emblématiques du cinéma Bis.

Week-ends maléfiques du Comte Zaroff

Week-ends maléfiques du Comte Zaroff

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Perles noires par NATASHA BEAULIEU

Perles noires par NATASHA BEAULIEU

Perles noires

par NATASHA BEAULIEU

Entrevue

 

Pourquoi avez-vous eu envie de replonger dans cet univers avec Jimmy Novak et Tura Sherman ? Qu’est-ce que les années qui ont passé entre L’Ombre pourpre et Les Perles noires ont apporté à votre écriture ou à l’histoire ?

 

Dix-huit ans plus tard, j’ai eu besoin de reconnecter avec Jimmy Novak et Tura Sherman. Je devais découvrir où ils en étaient dans leur vie. C’était une manière de mieux comprendre où j’en étais dans la mienne.

 

Pour Les Perles noires, j’ai choisi de garder le même style d’écriture que les autres romans des « Cités intérieures ». Mais, surtout, on y retrouve des personnages solitaires et marginaux qui évoluent dans une ambiance gothique urbaine. Nous sommes dans le suspense fantastique. C’est ce qui fait la particularité des « Cités intérieures » et donc, des Perles noires.

 

Pouvez-vous nous parler un peu plus de l’Eau noire ? Que permet-elle ?

 

L’Eau noire est une métaphore de ma vision de la réalité. Tout ce que l’esprit est capable de concevoir a existé, existe ou existera un jour, quelque part, explique Stick à son frère Jimmy Novak, qui a peint un monde imaginaire auquel il a finalement pu accéder. L’Eau noire est une ouverture vers le monde des Cités intérieures, accessible à certains personnages des Perles noires. En cours d’écriture du roman, mon père est mort. J’ai alors compris que l’Eau noire pouvait aussi anticiper ce qui se passe après la mort.

 

Pourquoi l’histoire se passe-t-elle en grande partie à Montréal et au Japon ?

 

Jimmy Novak, un des personnages principaux des Perles noires et des Cités intérieures, est né à Montréal. Le coeur de cette saga se situe dans le parc La Fontaine, dans le bassin nord, près de la fontaine. C’est là que l’Eau noire apparaît la première fois. J’aime situer mes romans à Montréal, la ville où j’habite, et dans des villes que j’ai visitées et appréciées. Ma ville préférée est Londres mais, pour Les Perles noires, Stick devait arriver très loin de Montréal pour que sa quête de retrouver Jimmy soit plus captivante. C’est pourquoi j’ai choisi Tokyo.

 

Grâce au personnage d’Iki Yoshioka, on peut découvrir le Japon, ses quartiers, ses habitants et traditions. Avez-vous un intérêt particulier pour la culture japonaise ?

 

À l’adolescence, après l’Angleterre, je voulais visiter le Japon. J’y suis finalement allée en 2019. J’ai vécu dans le quartier Kabukicho, à l’hôtel Gracery, où une partie des aventures de Stick et Iki se déroulent. J’ai donc pu décrire l’ambiance du red light tokyoïte avec précision. J’ai grandi avec Minifée, Ultraman et Godzilla. Puis sont venus les jardins japonais, les sushis et l’art du zen. Plus tard, j’ai découvert l’auteur Haruki Murakami et sa trilogie IQ84 dans laquelle fantastique et réalité sont indissociables. Depuis, il m’arrive de penser que j’écris aussi du réalisme magique plutôt que du fantastique pur.

 

Pour quelles raisons Jimmy Novak ouvre-t-il le Penlocke ? Et pourquoi a-t-il choisi d’utiliser la réalité virtuelle dans son bar ?

 

Jimmy Novak  à cœur de réaliser le Penlocke, un projet créatif d’envergure qui mijote en lui depuis des années. Le soir de l’inauguration, s’y déroule un événement singulier qui lui permettra de bientôt réaliser son but secret : celui de retourner dans le monde imaginaire qu’il a peint sur un mur, 22 ans plus tôt. Novak choisit les réalités virtuelles et augmentées parce qu’elles lui permettent de recréer son monde imaginaire de manière plus concrète qu’une oeuvre peinte. Il apprécie les possibilités des nouvelles technologies et de l’interactivité, qui lui permettent de transcender son art.

 

Pourquoi avez-vous décidé de séparer les points de vue entre plusieurs personnages pour en faire un roman choral ?

 

J’aime beaucoup cette manière de construire un roman car elle contribue à augmenter l’effet de suspense. Avec Les Perles noires, j’ai choisi garder le même genre de narration que les autres romans des Cités intérieures. Je trouve que les trames parallèles qui finissent par se croiser ressemblent à la réalité. Nous vivons chacun et chacune dans notre bulle, puis nous allons rejoindre la bulle de quelqu’un d’autre et nous réalisons que nous connaissons quelqu’un en commun et une partie de sa bulle se greffe aussi à la nôtre. C’est comme ça que nous découvrons de nouveau allies.

 

 

 

Pour quelles raisons aimez-vous mettre en scène des personnages qui sont différents des autres, des marginaux ?

 

Parce que je me suis toujours sentie marginale, alors je m’identifie à eux. Je suis l’androgyne Stick, le peintre Jimmy Novak, la dominatrice Tura Sherman et un peu de tous les personnages des Perles noires. À travers leur marginalité, ce sont des facettes de moi-même que j’exprime : traits de caractère, fascinations, désirs, expériences de vie…

 

Mes personnages s’inspirent aussi parfois de gens que j’ai côtoyés. Peu importe, tous m’aident à mieux comprendre qui je suis et pourquoi j’écris ce que j’écris. C’est une analyse psychologique en constante évolution, et je continue donc à réfléchir sur ce sujet.

 

Qu’est-ce qui vous plaît dans le genre du fantastique ?

 

Le fait de pouvoir imaginer des choses qui ne se peuvent pas, en principe, mais pour lesquelles il n’existe aucune preuve qu’elles sont impossibles. Par exemple, l’Eau noire. Peut-être existe-t-elle déjà, quelque part, mais que personne n’a pu revenir nous le confirmer après s’y être immergé. Dans Les Perles noires, il est aussi question d’extraterrestres. Mythe ou réalité ? Stick possède le don d’interrompre le fil du temps, le temps de lire une information dans l’esprit d’un individu. Certes, je ne connais personne qui en est capable, mais qui peut affirmer que ce ne sera jamais possible ?

 

Bien des mystères sont soulevés dans cette histoire. Plusieurs se résolvent mais d’autres restent en suspens. Est-ce que vous prévoyez une suite aux Perles noires ? Et si oui, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce à quoi on peut s’attendre ?

 

On m’avait posé la question à la publication de L’Ombre pourpre. J’avais alors répondu que je ne le savais pas. Y aura-t-il une suite aux Perles noires ? Je ne le sais pas plus. J’aime qu’un roman me laisse de l’espace pour me questionner. Que l’intrigue ne soit pas totalement résolue peut m’agacer mais, si j’ai apprécié l’expérience de lecture, le plaisir va se poursuivre au-delà car l’œuvre va m’habiter plus longtemps. La marge entre le réel et la fiction ne cesse de rétrécir. On ne peut pas tout expliquer dans le réel. Comment le pourrait-on, dans la fiction ?

 

Natasha Beaulieu, merci !

Biographie/ Bibliographie

NATASHA BEAULIEU a grandi dans un environnement propice à stimuler l’imagination. Elle a écrit ses premiers textes toute jeune et, au fil des ans, elle a exploré différentes formes d’art (danse, théâtre, musique, cinéma, dessin de mode et haute couture).

 

Après avoir obtenu un diplôme de l’Université Concordia en Fine Arts (cinéma et littérature), elle a été, entre autres, journaliste, rédactrice pigiste et libraire. Si la trilogie fantastique des « Cités intérieures » a révélé le « noir talent » de Natasha Beaulieu au grand public, c’est avec Le Deuxième Gant qu’est née sa réputation de grande prêtresse des amours déjantés... Les Perles noires est son septième roman paru chez Alire.

 

DE LA MÊME AUTEURE

 

LES CITÉS INTÉRIEURES

1. L’Ange écarlate. Roman.

Beauport : Alire, Romans 033, 2000.

2. L’Eau noire. Roman.

Lévis : Alire, Romans 067, 2003.

3. L’Ombre pourpre. Roman.

 

Lévis : Alire, Romans 096, 2006.

Le Deuxième Gant. Roman.

Lévis : Alire, GF, 2010.

Lévis : Alire, Romans 144, 2012

.

Regarde-moi. Roman.

 

Lévis : Alire, GF, 2012.

Lévis : Alire, Romans 160, 2014.

 

Le Secret du 16 V. Roman.

 

Lévis : Alire, GF, 2014.

Lévis : Alire, Romans 183, 2017.

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Gérard Kikoïne par Philippe Vasseur.

Gérard Kikoïne par Philippe Vasseur.

Gérard Kikoïne par Philippe Vasseur.

 

 

Docteur Jekyll and Mister Hyde, version 1989 réalisé par Gérard Kikoïne et interprété par le magistral Anthony Perkins.

 

Nous avons découvert ce film récemment avec un grand intérêt, après être, depuis tant d'années, resté focalisé sur la version 1941 réalisée par Victor Fleming et interprétée par l'incomparable Spencer Tracy. D'ailleurs il ne sert à rien de comparer les deux versions, il faut simplement les apprécier de différentes façons. L'approche de Kikoïne est fidèle à ses attachements filiaux au cinéma Bis et ses inévitables touches "érotiques".

 

Le Docteur Jekyll 1989 restitue à merveille l'époque Victorienne, dans ses costumes, ses décors. La photo est percutante, les couleurs étincèlent et participent à cette mise en œuvre "vintage et épouvante" digne de certains clips punks ou gothiques des années 80. Compte tenu des antécédents de Kikoïne, il semblait assez logique qu'il puisse mêler la légende de Jekyll et Hyde à l'épopée de Jack l'Eventreur, en y rajoutant la petite dose d'érotisme dont lui seul a le secret.

 

Il parvient aussi à y inviter adroitement les consommations de crack et de cocaïne, ces deux substances qui font basculer notre protagoniste dans une folie meurtrière. Mais, si cette version se révèle l'une des adaptations les plus singulières du roman de Stephenson, cela tient avant tout à l'omniprésence de l'immense et torturé Anthony Perkins. Perkins, après son rôle emblématique de Norman Bates dans le non moins emblématique Psychose de Hitchcock en 1960, n'avait finalement jamais rejoué un rôle à la mesure de son talent pour les films "angoissés", sauf peut-être dans l'excellent les jours et les nuits de China Blue, de Ken Russel.

 

Déjà très entamé par le Sida qui aura hélas raison de lui trois ans plus tard, Perkins trimballe sa grande dégaine trop maigre dans les rues sombres de Londres avec un brio tragicomique. Il en fait des tonnes certes, néanmoins ce jeu excessif demeure une réjouissance pour les puristes du cinéma Bis que nous sommes.

 

Les seconds rôles sont très secondaires, ce qui n'est en rien une critique négative car la semi-transparence des acteurs redonne à Perkins toute sa singularité de personnage principal.

 

Après tout, n'est-il pas "deux héros" dans le film : un médecin méticuleux, bourreau de travail le jour et égorgeur pathologique de femmes la nuit ? Glynis Barber, l'épouse du docteur, est certes touchante et très belle, mais elle ne laisse pas non plus un souvenir impérissable. Quant aux deux personnages de la prostituée et du rabatteur un tantinet androgyne, ils sont effectivement marquants et jouent leur partition de déglingués à merveille, mais leur apparition reste brève.

 

A sa sortie, la critique ne fut pas si élogieuse, pourtant on ne peut que saluer l'esthétisme et l'inventivité scénaristique. Il n'était pas question ici de reproduire une descente aux enfers psychologique qu'un Spencer Tracy avait magnifié, il fallait trouver d'autres ficelles à l'intrigue de Stephenson, et Kikoïne les a tirées habilement dans les dédales d'un Londres débauché, des scènes ubuesques et très belles (Jekyll et Hyde pris en conflit face au miroir tandis que sa femme l'attend impatiemment au pied du lit), un traumatisme d'enfance et la quête d'une vie sans interdits, sans limites.

 

 Pour ne pas déroger à la recette des films fantastiques, la fin est totalement amorale. La pauvre épouse du docteur Jekyll a fini elle aussi par se faire trucider et... l'assassin continue de hanter les rues sombres de la capitale anglaise. Comme un clin d'œil au film Psychose lorsque, dans la dernière scène, la fausse mère en perruque et en fauteuil roulant fait apparaître le visage de Perkins, ici le reflet de l'acteur s'aperçoit à travers une fenêtre de sa maison. Est-ce un hasard ou pas ? En tout cas cette image offre une très belle signature à un film qui reste, selon nous, une très belle référence des films horrifiques des années 80.

Anthony Perkins

Anthony Perkins

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Science-Fiction Magazine N°120

Science-Fiction Magazine N°120

Science-Fiction Magazine N°120

N° 120 Trimestre aout-sept-octobre

BD LIVRES Ciné TV SCIENCES

EXCLUSIF : les films US pas encore venus jusqu’à nous.

 

Dans cette livraison vous trouverez un dossier sur :

 

« Indiana Jones et le Cadran de la destinée » avec les entretiens des principaux acteurs et actrices, dont Harrison Ford en personne.

 

Concernant cette saga, je mettrais bien un billet sur une suite, avec « le fils » ou la « nièce » d’INDIANA

La franchise est bien trop lucrative pour être abandonnée.

 

D’autres par vous trouverez un entretien de Tina Satter la réalisatrice de « REALITY ».

 

Bien sûr vous retrouverez les rubriques habituelles.

À la fin de l’article, vous trouverez un bon d’abonnement et le sommaire complet.

 

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Sommaire: Science-Fiction Magazine N°120

Sommaire: Science-Fiction Magazine N°120

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Jean Rollin

Jean Rollin

Jean Rollin

par Philippe Vasseur

 

Un génie incompris du cinéma bis : Jean Rollin, né en 1938 et décédé en 2010. Jean Rollin est sans nul doute le cinéaste auquel nous, Cercle des Poètes, sommes le plus attachés.

 

Evidemment, Jean Rollin mérite bien mieux qu'un article sur une page FB, mais si cela peut permettre de susciter l'envie de découverte chez certaines personnes qui ne le connaissent pas, alors oui cela vaut la peine de lui rendre ce court hommage.

 

Influencé par les mouvements surréalistes et dadaïstes auxquels adhérait son artiste de maman, Jean Rollin va partir sur cette base pour construire une œuvre autour du gothisme, du vampirisme et de l'érotisme. D'accord, il faut adhérer au concept mais si c'est le cas, on bascule avec Rollin dans autre chose que les conventions habituelles du film fantastique et d'épouvante. Ses films ont d'emblée déplu à ceux qui attendaient justement cette convention quand bien même certains longs métrages sont de véritables chefs-d'œuvre (le Viol du vampire, 1968).

 

Hélas Jean Rollin n'a jamais eu la reconnaissance artistique qu'il méritait, ni même financière car il dut parfois se résoudre à réaliser de concrets et basiques films pornographiques pour se refaire une santé matérielle. Ce sur quoi il est important d'insister, c'est aussi son approche aux femmes : contrairement à Jess Franco qui s'en servait essentiellement comme faire-valoir sexuel, Jean Rollin, lui, leur accordait un réel pouvoir.

 

Dans ses films, elles dominent les hommes, elles monopolisent l'intrigue rollinienne. Jean Rollin n'engage pourtant pas d'actrices "connues", il va les chercher dans des films de seconde zone (souvent érotiques, voire pornographiques). C'est ainsi qu'il parvient à convaincre Brigitte Lahaie de sortir des arcanes du cinéma X.

 

Grâce à Jean Rollin (qu'elle considérait comme un second père), elle offre ses prestations les plus intimes et les plus belles même si ce ne sont pas les plus connues (Fascination en 1979, la Nuit des traquées en 1980 et les Mortes vivantes en 1982).

 

A force de ne pas être reconnu à son juste niveau, Rollin finit, au  milieu des années 80, par se détacher du cinéma. Il se consacre à l'écriture et, pour "survivre", devient directeur de collection chez Fleuve-Noir.

 

Il revient en 1997 avec un nouveau film de Vampires et réalise en 2007 une de ses œuvres majeurs La nuit des horloges avec l'actrice X Ovidie.

 

Pour ceux qui n'ont pas vu ses précédents films, celui-ci peut paraître compliqué voire impossible à regarder. En revanche, si on est un fan de la première heure, on ne peut que crier au génie. Jean Rollin est décédé hélas trois ans plus tard d'un cancer, il avait encore des projets plein les tiroirs (le Masque et la Méduse notamment, non sorti en salle mais projeté à la Cinémathèque française).

 

Gardons de cet immense auteur, l'image d'un parfait anticonformiste capable d'une prise de risque insensé pour ne ressembler à aucun autre réalisateur.

 

"Après trois minutes de projection, on savait qu'il s'agissait d'un film signé de Rollin" (Brigitte Lahaie)

Nuit des traquées

Nuit des traquées

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Schlag En Cavale De Philippe Vasseur et FloVass.

 Schlag En Cavale

De Philippe Vasseur et FloVass.

 

Ce roman à quatre mains n’est pas juste un roman policier.

Il y est sujet également de messe noire, de relations Dominant-dominé dans un univers campagnard qui pourrait être le vôtre.

 

Vous trouvez en fin de volume « anthologies vagabondes » un univers Dark et surréaliste

 

 

En fin d’article vous trouverez un extrait du roman policier écrit par PH. Vender et FloVass lut par  Les AntraSiths.

 

 

Lecture déconseillée aux moins de 16 ans. Sous cette réserve je vous le recommande particulièrement.

 

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Mais que signifie ce meurtre sordide, maquillé en cérémonial de messe noire ? Pourtant la belle quadragénaire, reconnue et respectable, n’avait pas le profil pour tomber dans ce piège terrifiant. Quoique… Le théâtre du drame ? Bah, une campagne plutôt tranquille, cela dit il y a des types un peu bizarres qui rôdent dans le secteur: par exemple ce junkie désocialisé, adepte de magie noire… Il avait croisé le chemin de la victime. D’ailleurs tout le monde le recherche depuis qu’elle a été tuée.

 

Et que dire de ce vieux curé colérique, puant le bouc et secrètement l

Mais, vérité, elle éclatera !

 

PH. Vender, quinquagénaire nourri aux polars depuis son adolescence, et FloVass, écrivain compulsif de 23 ans, ont associé leurs talents, leurs dingueries et leurs références, pour nous livrer un premier roman policier démoniaque et parfaitement irrévérencieux. Âmes sensibles s’abstenir.

 

Dans un épilogue, FloVass vous conduira au cœur d’un univers surréaliste, vous y comprendrez peut-être que ses anthologies vagabondes ont un lien très étroit avec schlag en cavale.

 

Broché

216 Pages

 

Dimensions       

15 x 5 x 21 cm

 

Collection          

Anthrasiths

 

Éditeur

Mémoirédition

 

Langue

Français

 

Auteur

Philippe Vasseur et FloVass

 

Âge       

Déconseillé au moins de 16 ans

 

ISBN      978-2957658534

 

Une brève biographie de Philippe Vasseur

 

Philippe Vasseur, écrivain – éditeur, fondateur et gérant de Mémoirédition.

 

L’écriture est une passion chevillée au corps depuis l’âge de 13 ans. Autant que je m’en souvienne, je n’ai jamais cessé depuis tout ce temps d’écrire. Ecrire des histoires inventées, ou celles d’autres personnes, bien réelles.

 

De 2001 à 2007, j’ai exercé à temps plein la profession d’écrivain-biographe en tant que travailleur indépendant. A cette période, j’ai également écrit trois romans dont Les profiteurs en 39-45 toujours disponible sur Internet.

 

L’entité Mémoirédition a été réactivée en janvier 2021 sous le numéro de Siret : 439 328 417 00021. Son statut est une micro-entreprise.

 

 

FLOVASS

Florian Vasseur, vit en Mayenne.

 

Écrivain compulsif, il exprime dans l’art poétique ses fantasmes, ses rêves remplis de mélancolie et de sensualité ; il plonge le lecteur dans sa vision déroutante de la vie, dépeignant une société parfois au bord de l’Apocalypse, et se faisant le porte-parole d’une jeunesse envahie de peurs : peur de l’avenir, de l’amour, de la mort, des autres, de la société, de ses pulsions. Ecrit dans un style Dark  surréaliste. .

Les AntraSiths vous lisent un extrait du roman policier écrit par PH. Vender et FloVass

©FloVASS juillet 2020

©FloVASS juillet 2020

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Jess FRANCO

Jess FRANCO

Jess FRANCO

Jess Franco (1930-2013) Faut-il être fou, mégalomane, hyperactif pour avoir, dans 50 années de carrière de réalisateur, créé 198 films et utilisé une vingtaine de pseudonymes ?

 

Jess Franco était sans contestation possible les trois à la fois. En nous penchant sur le personnage, nous nous interrogeons même sur le fait que si Jess Franco n'avait pas existé, le terme cinéma bis aurait-il vraiment existé ? L'idée de Franco, alias Clifford, alias Dan L. Simon, alias etc., etc, c'était surtout de faire exploser des décharges d'hémoglobine et de testostérone.

 

Mais attention, dans ce fatras créatif fabriqué avec trois francs-six sous, il peut émerger parfois, de temps en temps, des ingéniosités inouïes (en particulier Nécromicon sorti en 1967). Bon, certes, certes, il faut aimer les atmosphères très, très bizarres et se détacher des œuvres de grands auteurs : au moyen-âge ou au XXème siècle, au fin-fond d'un château isolé, dans des cliniques non conventionnées, ou encore sur une île déserte quand une femme seulement vêtue d'un carquois et d'un arc poursuit une autre femme (la Comtesse perverse 1974), il ne faut pas s'effaroucher au milieu des muses déshabillées, des meurtres gratuits et autres cruautés baveuses.

 

Dans sa débauche cérébrale, le cinéaste ibérique a même trouvé une fille à Dracula, encore plus sanguinaire que le père, c'est dire ! Pour beaucoup qui l'ont approché ou collaboré avec lui, il était reconnu pour son sens aigu de la débrouillardise - capable de tourner simultanément deux films avec des budgets ridicules !

 

Brigitte Lahaie lui louait des qualités de technicien, de bon manager sur un plateau mais elle le considérait "moins créatif" qu'un Jean Rollin par exemple.

 

Pour la petite anecdote (mais est-elle si petite que cela ?), Franco, sous d'autres pseudonymes, a aussi réalisé plusieurs films X, probablement pour renflouer l'accumulation des bides commerciaux engendrés par ses multiples nanards.

 

Deux ans avant son décès en 2013, comme si sa survie dépendait du cinéma, il réalisait encore des films. Dans cette histoire révolue du cinéma bis, Franco demeure LA référence. La cinémathèque française en 2008 a réhabilité l'ensemble de son œuvre en lui consacrant une rétrospective.  

 

Extrait d'une interview d'Howard Vernon en 1994 sur le site Nanarland :  " Les films que j'ai faits avec Franco n'étaient pas tous des chefs-d'œuvre. On trouvait de tout là-dedans. Mais je peux dire que sans mon travail avec Franco, ma carrière d'acteur n'aurait pas été ce qu'elle a été. Alors qu'on ne me proposait que des rôles d'officiers Allemands, grâce à lui j'ai été avocat, assassin, médecin, voleur, Dracula (j'ai encore les dents à la maison).

 

J'ai joué avec Fritz Lang, dans son dernier film. Lang ne laissait aucune place au hasard, il maîtrisait absolument tous les éléments de son film, alors qu'avec Franco c'était exactement le contraire. Mais le résultat est le même. Ce qu'ils font tous les deux est juste. Franco et Lang ont au moins une chose en commun. Sur un plateau, ils savent exactement ce qu'ils veulent. Dans le cas de Franco, il lui arrive de prendre lui-même la caméra et de filmer comme il l'entend. Cela va plus vite et cela lui épargne des explications avec ses techniciens"

 

Par Philippe VASSEUR

Nécromicon

Nécromicon

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La forêt rouge Nouvelle.

La forêt rouge Nouvelle.

La forêt rouge Nouvelle.

Une légende des Millevaux

 

 

Voici un contexte historique où placer une variante des Millevaux. Une étrange forêt est apparue en Ecosse, à la fin du 17ème siècle. Après quelques années, sa croissance a fini par se stabiliser - pour s’étendre sur un territoire d’environ cent kilomètres de long et soixante de large. Malgré un édit royal qui en interdit l’accès, il arrive parfois que des hommes et des femmes - téméraires ou désespérés - s’aventurent sur le sentier qui semble se diriger vers son centre. Qui sont les étranges créatures qui se cachent dans le "bois du diable" ? Des immortels ? Des voyageurs temporels en jet lag ? Des loups garous ? Des prédateurs en chasse ? Des grands anciens ? Un peu de tout ça sans doute.

 

oOo

 

Au cours de l’année 1666, le soir de l’équinoxe d’automne, vingt et une sorcières se sont réunies dans le bois d’Elesmoor, près de la pierre de Fail, là où les combattants de la première bataille avaient juré fidélité au roi Edward. Quand la pleine lune se leva au-dessus de la lande, elles entonnèrent une incantation dédiée à Shub-Nigurrath, la mère nourricière, la protectrice des forêts, la chèvre noire aux milles rejetons. Elles se coupèrent toutes une mèche de cheveux qu’elles lancèrent dans le feu qui brûlait au centre du cercle magique, puis elles disparurent dans l’obscurité.

 

Dans les jours suivants, les arbres du fourré d’Elesmoor ont commencés à pourrir. Très vite, de nouvelles plantes sont sorties du sol en se nourrissant de cet humus nauséabond. Les troncs gris des nouveaux arbres étaient parcourus de veines d’un bleu sombre et leurs feuilles, semblables à celles des ormes, étaient rouges. Des buissons et des animaux aux formes étranges sont ensuite apparus dans l’ombre de la nouvelle forêt.

 

Les arbres aux frondaisons rouges se sont révélés êtres résistants au feu et les bucherons qui ont tenté de les couper se sont retrouvés empoisonnés par la sève couleur de sang qui est sortie des entailles faites dans leurs troncs. Ce poison était si redoutable que le fait de simplement respirer l'odeur de cet "ichor végétal" pouvait être suffisant pour tuer un homme robuste. Et comme les prêtres de la sainte église n’arrivaient pas eux non plus à repousser la croissance du "bois du diable", le prince d’Écosse se contenta de faire évacuer les villages menacés par l'avancée de la forêt et d'en interdire l'accès.

 

Pourtant, de nombreuses personnes se rendirent dans la forêt rouge une fois que sa croissance fut terminée. Certaines s'y rendaient par curiosité, d'autres pour fuir la justice royale, d'autres encore pour y chercher la connaissance, ou dans l'intention d’acquérir des pouvoirs surhumains. Il en est même qui s’y rendirent pour répondre à un mystérieux appel.

 

oOo

 

De nombreux aventuriers prétendirent être entrés dans la forêt maudite pour en découvrir les secrets et en être ressortis sans avoir subi sa malédiction. Les inquisiteurs et les juges qui les interrogèrent purent facilement les confondre et démonter qu'ils n'étaient que des affabulateurs. Tous, sauf un.

 

Rowan McAllister, un montagnard du Fold, affirma qu'il était entré dans le bois du diable pendant l'été de l’an 1749 et qu'il en était sorti huit ans plus tard. McAllister attira l'attention des autorités car dans les mois qui suivirent son retour dans le monde civilisé il entreprit de gagner de l'argent en réalisant des tours de magie très singuliers dans les auberges d’Ecosse, d’Angleterre et d’Irlande. Lors de ses spectacles merveilleux, il démontra qu'il était capable de lire dans les pensées, de devenir invisible, et de faire léviter des objets de plus en plus lourds - des assiettes, puis des bancs, et enfin des tables avec six personnes adultes assises dessus. Quand il redonna la vie à un oiseau mort, un pasteur qui assistait par hasard à sa démonstration décida de le dénoncer en envoyant un courrier à l'inquisition. Bientôt prévenu qu’il était recherché, Rowan McAllister s'exila dans les colonies d’Amérique pour échapper à son procès en sorcellerie. Il y exerça différentes activités en se faisant passer pour un hollandais nommé Jasper Aberdeen. Une fois devenu riche, il consacra une année entière à écrire le récit de son exploration de la forêt rouge.

 

Il retourna en Angleterre bien des années plus tard, au moment où commençait la guerre d'indépendance. Il s’installa à Londres en continuant à utiliser sa nouvelle identité. Il y fonda une maison d'édition qui, sous le couvert de la diffusion d’ouvrages moralistes, publiait en fait les écrits des révolutionnaires et des philosophes des lumières.

 

Ce n'est qu'en novembre 1789, sur son lit de mort que McAllister révéla qui il était réellement à son médecin. Il lui promit de lui donner toute sa fortune, mais, échange, il devrait pratiquer une autopsie sur son corps après son décès. Quand celle-ci fut réalisée, le chirurgien découvrit qu'un réseau de fines extensions végétales semblables à des racines blanches entourait entièrement le système vasculaire et le cerveau du vieil homme. Dans la journée qui suivit sa découverte, le médecin brûla le corps qu'il avait disséqué et il jeta les cendres dans la mer du haut d'une falaise. Seules les notes prises par son assistant ont été conservées.

 

oOo

 

En 1810, le roi d'Angleterre fit revêtir une escouade de soldats de scaphandres faits d’un assemblage de cuir et de toile étanche reliés par des boyaux à des pompes à air. Après deux ans de travail, le bois du diable fut entièrement rasé par les sapeurs. Le bois de sang qui constituait les troncs des arbres fut séché et utilisé pour construire des navires de guerre qui furent rapidement considérés comme étant indestructibles.

 

Le livre écrit par McAllister "Le palais du roi de la forêt pourpre" fut mis à l'index par l'inquisition et seuls deux exemplaires échappèrent à la destruction. Ils font partis des ouvrages ésotériques les plus recherchés par les collectionneurs.

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